MonCompte13

Au commencement était un travail que nous avions engagé depuis plusieurs années autour des textes des grands orateurs.
En prenant modèle sur ces grands orateurs, nous avons décidé de "prendre en bouche" quelques-uns de ces grands discours et de les incarner.
C’est ainsi qu’est né le projet Prise de parole, qui se déroulait alors sur deux séances. Depuis 6 ans, une action plus longue, Prise de parole et écriture de discours, est née, pour laquelle nous avons élaboré d’autres outils afin d’accompagner chaque élève dans l’écriture et l’incarnation de son propre discours.

Car si le premier moteur de cette action était de porter et d’incarner la parole de grands orateurs, au fil de nos interventions, il nous est apparu nécessaire et urgent de permettre à des collégiens de porter la leur, eux, les citoyens de demain. Leur donner la parole, leur donner des outils pour l’élaborer et la porter. On sait que la violence physique nait lorsqu’on n’a plus « les mots pour le dire », et, par ce travail avec les adolescents, nous espérons leur donner le goût du mot juste, le goût de dire, le goût de s’exprimer. Nous leur proposons un espace de parole libre, une tribune. Un espace, comme le dit Lune, une élève qui a connu la Syrie en guerre et maintenant l’exil, « où on peut enfin exprimer tout ce qu’on a à l’intérieur et qui libère. »

Nous tentons de leur donner des clés pour se construire, eux. De se construire dans l’échange avec l’autre, parce qu’il est possible de défendre une idée et de s’engager en respectant et en écoutant l’autre. Même si l’on n’est pas d’accord. Surtout si l’on n’est pas d’accord. Cette action a besoin, pour réussir, d’un engagement individuel de la part des élèves et d’une bienveillance sans faille de la part du groupe. Elle permet à la classe de se souder quels que soient les passifs ou inimitiés. La classe devient alors équipe.

C’est un projet qui s’est façonné au contact des élèves et des enseignants, qui a été et qui est encore, nourri par les adolescents que nous rencontrons. Nous sommes, chaque année, surpris de voir que beaucoup d’adolescents pensent ne rien avoir d’intéressant à dire. Nous savons le contraire et faisons tout pour les faire changer d’avis.

Nous envisageons ces actions comme un temps différent au cours de leur parcours scolaire. Ici, pas de bons ou de mauvais élèves, juste ceux qui s’emparent de notre proposition et la font leur. Les rôles s’inversent souvent : les plus discrets surprennent la classe et forcent l’admiration, les plus volubiles sont parfois désemparés. Les mots d’une élève à l’issue d’une très belle restitution nous ont marqué : « En fait, avant, on ne se connaissait pas. »

Objectifs :
• Prise de parole publique et art de l’éloquence: développer l’aptitude à s’exprimer.
• Mise en jeu de la conscience politique, respect des valeurs de la République
• Ecriture d’un discours: développer l’aptitude à argumenter.
• Incarnation d’une pensée.
• Cohésion du groupe, amélioration du vivre ensemble

• 1ère séance (2h):
  Après une présentation du projet que nous allons traverser ensemble, nous proposons à chaque élève de se confronter à la prise de parole publique par un exercice au cours duquel il s'agit pour l'élève de piocher une phrase, puis faire quelques pas, prendre en compte l'auditoire et "donner" son texte, sa phrase. Nous demandons aux élèves d’être le plus sincère possible. A partir de cet exercice simple, les intervenants/comédiens accompagneront chaque élève pour l'aider à améliorer sa prise de parole publique (corps dans l'espace, tenue, voix, regard, intention, interprétation...). Ce premier exercice nous permet d’établir ensemble les qualités d’un orateur, ce qui fonctionne et ce qui fonctionne moins bien. Cette première séance est fondamentale, elle nous permet de rencontrer les élèves dans un contexte ludique et détendu, elle renforce la cohésion des élèves au sein de la classe.

• 2ème séance (2h) :
  Assis en cercle, nous lisons avec les élèves « L’appel de l’hiver 1954 » de l’Abbé Pierre. Nous voyons comment un événement tragique, la mort d’une femme expulsée de chez elle au cours d’un hiver terrible, peut être le point de départ d’un engagement, d’un texte, d’une prise de conscience...Nous les invitons à réfléchir et à se questionner sur le sujet qu’il vont choisir et en discutons ensemble. C’est une séance assez difficile et laborieuse en général mais nécessaire. La parole met parfois du temps à arriver mais petit à petit, elle jaillit et chaque prise de parole en entraîne une autre. L’objectif de cette séance est de faire germer en eux le point de départ de leur sujet. C’est une étape primordiale afin d’éviter d’avoir des « discours exposés » mais bien des discours singuliers et sincères.
  

• 3ème séance (2h) :
  Cette séance doit avoir lieu à suffisamment de distance avec la 2ème séance afin de permettre aux élèves d’avoir écrit leur textes, ou du moins un premier jet accompagnés par leur(s) enseignant(s). Nous commençons le travail d’oral et écoutons leurs discours qui seront retravaillés si besoin. Nous divisons généralement la classe en deux, chaque intervenant prend un groupe afin d’avoir le temps de travailler en profondeur.
  

• 4ème séance (2h) :
  Répétition générale. Chaque élève dit son discours et le répète. L’élève devient orateur.
  5ème séance (2h) :
  Face à un public choisi avec l’enseignant ( une autre classe, le chef d’établissement, des parents d’élèves...), les élèves incarneront leur parole au sein de ce qui pourrait être une « assemblée nationale de poche » sous les hourras et les applaudissements.
  

5 séances de 2h

Equipe éducative en général
Deux intervenants par action
Interventions directement dans les classes (deux salles contiguës sont bienvenues pour les 3é et 4é séances).
Salle polyvalente ou amphithéâtre bienvenus pour la 1ère et la 5é séance.