Maesltröm
Une géographie du silence
Auteure et comédienne, j’ai toujours l’habitude de proposer des stages d’écriture et pratique, c’est-à -dire où les jeunes s’expriment sur le thème travaillé, mettent en forme, en espace puis en jeu leurs productions.
Beaucoup de personnes sourdes racontent une petite enfance heureuse, en symbiose silencieuse avec le monde qui les entoure. Puis vient le diagnostic, et beaucoup décrivent ce moment où le regard de leur entourage a changé, est devenu triste et où elles sont devenues juste « de grandes oreilles déficientes ». Le monde autour d’eux les assignait à changer : elles devaient être autre chose que ce qu’elles étaient.
Ce double mouvement d’arrachement et d’objectivation est vécu tôt pour les personnes dites « handicapées ». Mais chacun le vit à sa façon à l’adolescence. Il est intéressant d’explorer comment il fait écho pour des jeunes qui sortent à peine de l’enfance.
Le principe de cette action autour de la surdité, et plus largement du handicap n'est pas de faire la morale aux élèves, mais de partir de leur expérience, de leur ressenti. Les faire réfléchir par ce que le théâtre peut avoir de spécifique : l'identification, l'empathie. Pour cela, l'idée est que l'action se déploie en plusieurs étapes, sur une journée : écouter l'autre, s'y ouvrir puis sentir en soi-même et exprimer.
D'oĂą la conception d'une action en 2 parties : une partie spectacle et discussion / une partie ateliers :
Spectacle parce que la fiction et la parole intime (ce que nous apportent le cinéma, le théâtre, le roman) nous ouvrent la possibilité d'avoir accès à l'autre et de prendre le temps de l'écouter par une histoire.
Puis discussion, à partir des témoignages que nous avons recueillis, et notamment des extraits du livre d'Emmanuelle Laborit, sur la surdité et plus largement le handicap.
L'après-midi, pour chaque classe : atelier d' initiation à la pratique théâtrale à travers le thème de la pièce de Melquiot, en partant de 2 grands axes : le silence et le regard de l'autre, pour mettre les élèves en situation de ressentir et d'exprimer.
Partir du silence, de leurs silences intimes : dans quels lieux ? À quels moments ? qu’est-ce qui s’y déploie ? Comment l’exprimer ?
C'est toujours aussi l'occasion de partager nos métiers : comment et par qui s'est fabriqué le spectacle qu'ils viennent de voir ?
Le spectacle : Véra, 14 ans, née sourde, a été éconduite par le garçon dont elle est amoureuse. Au coin d’une rue, au coeur d’une grande ville indifférente, elle laisse éclater sa colère et son désir de vivre. Incarnée par deux jeunes interprètes (comédienne et musicien), cette parole fulgurante exprime les tourments et les espoirs d’adolescents qui voudraient pouvoir vivre ensemble et rester singuliers.
Objectifs : Sensibiliser les collégiens au handicap et à ses discriminations, changer leur regard, expérimenter par le théâtre la différence et questionner le langage (faire attention aux mots que nous employons).
En amont : échanges avec les professeurs concernés autour du spectacle et des matériaux dramaturgies et pédagogiques
Le jour de l'action :
Matin :
Montage dans la salle dédiée au spectacle: 1h
Spectacle devant 2 classes : "Maelström" de Fabrice Melquiot, avec une comédienne et un musicien : 1h
ots se mêlent dans ce spectacle adressé aux collégiens.
Échanges autour du spectacle et de ses thèmes : 40 mn
Démontage : 45 mn
Après-midi :
Ateliers de pratique théâtrale autour des thèmes du spectacle : 2h par classe
échauffement corps et voix
exercices de sensibilisation à l’espace et à l’écoute
improvisations simples et ludiques à partir des questions soulevées par le spectacle
En aval : suivi avec les professeurs : possibilité de nous envoyer une production des élèves sur leur expérience et possibilité le cas échéant de venir assister au spectacle en salle de théâtre.
Lieux : salle de classe, salle polyvalente, auditorium. Pour les ateliers, nécessité d'un espace suffisamment grand pour accueillir les élèves et les faire travailler physiquement.
Durée : une journée au collège 2h matin / 4h après-midi (à raison de 2h par classe) Matin : 2h - spectacle et discussion Après-midi : 2 fois 2h d'ateliers
3 intervenants ( 1 metteure en scène et 2 interprètes)
Salle de classe ou salle polyvalente avec branchement électrique possible.
Le spectacle est autonome techniquement.
Traduction en LSF possible (1 personne supplémentaire)